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Titre 2

Les Fées et les Fés de mon jardin

et d'un peu plus loin...

Recueil de contes

Pour adultes

Contemporains

Écriture poétique

Accessibles aux enfants

 

Vous découvrirez quelques lieux et certains petits détails qui m'ont inspirés, parfois pour trois mots, parfois pour des pans entier de ce recueil ... dans la rubrique "Inspirations" Promis, les visionner

ne gâchera pas votre lecture.

Tout en bas de cette page vous trouverez, le  conte  du  Hêtre qui ne se trouve pas dans le livre car "oublié" lors de l'envoi pour l'impression...

Oups ! La distraction est souvent mon invitée !

Faute avouée et ici imprimée est tout à fait pardonnée m'a confirmé une amie...

2020 imprimé sur un papier responsable de l'environnement et en Belgique pour une question essentielle de proximité.

222 pages

17 euros

En vente par correspondance sur le site du "Livre en Papier"

ou s'adresser directement à Mimie pour un livre dédicacé

mais aussi dans la région d'Alle-sur-Semois (liste des lieux de dépôts dans la rubrique "activités")

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Rencontre originale et souriante : deux heures d'échanges autour d'un de mes livres : la part historique, les souvenirs, le vécu, l'écoute, les objets inspirants, le sentier qui mène de la réalité à l'imagination... l'évocation de ce qui a mené à la rédaction, lectures de passages illustratifs... le chemin de l'écriture...        Infos sur simple demande...

Le conte oublié...

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Le Hêtre

                      Le Hêtre.                           

Dans ma vallée ardennaise, se pratique toujours l’affouage, c’est un droit d’usage de la forêt qui vient de bien loin dans le temps ... du moyen âge. Une charte de 1618 en atteste.   

Les habitants de mon village et des villages à l’entour ont le droit de couper le bois de chauffage pour leurs foyers, et ce, tous les ans.   

Les Eaux et Forêts aujourd’hui gèrent la distribution des parts de bois de la commune tout en utilisant les us et coutumes de l’époque.   

Les parcelles sont attribuées par un tir au sort.   

Les localisations sont tracées sur plan, mais aussi sur le terrain à l’aide de griffes sur les troncs d’angles des parcelles évaluées à quinze stères.  

C’est un marquage astucieux.  

Il est en effet impossible de tracer à l’aide d’une griffe des cercles ou une quelconque sinuosité pour tracer les chiffres classiques donc tout se trace en griffes droites un peu dans le style des chiffres romains mais en ajoutant des étoiles. 

C’est assez compliqué car en plus, il y a des variantes de marquage d’un village à l’autre !  Pourtant tout le monde s’y retrouve !  

Il me faut ajouter que les bois doivent être coupés dans l’année et évacués avant fin mars dans le cas de mise à blanc.  

Des délais pour l’évacuation sont tolérés s’il s’agit d’éclaircies.   

Les parts de bois ne peuvent servir qu’aux foyers des villageois.   

Des amis n’avaient pas encore vidangé leur tas de bûches car ils s’y étaient pris un peu tard. Par la suite, les conditions climatiques avaient été désastreuses.  

Le mauvais temps avait fait fort…et en attendant que cela se ressuie, le mois d’avril avait déjà pied !  

Le forestier compréhensif avait bien heureusement donné un délai supplémentaire.  Les amis en ont parlé lors d’une soirée.   À l’unanimité, nous ses amis, avons décidé une journée « au bois ».  

J’étais de la partie en cet avril qui se terminait à grand galop.  

Deux tracteurs marqués par les ans traînaient bravement leurs remorques aux ridelles de chêne.   Nous étions entassés dans une jeep qui, elle aussi, avait vécu de nombreuses aventures.  

Nous sommes arrivés sur le morceau de mise à blanc qui n’était plus que ponctué des souches hautes de marquages qui jamais ne sont coupées et gardent ainsi leurs griffes jusqu’à ce que le temps, la pluie et les insectes décollent l’écorce. Et là encore des ans durant les griffes persistent.  

Le tas de bois de mes amis était là tout seul.  

Sept joyeux bûcherons envoyaient avec élégance les fines bûches de bouleau et ahanaient sur les gros morceaux de chêne.  

La remorque se remplissait et donc ce n’en était que plus haut pour lancer les derniers.

Les courageux faiblissaient et d'autres abandonnaient…  

Le trajet des deux tracteurs vers le village permettait de respirer.   

Le paysage devant nous forçait, lui aussi, il faut le dire, à la pause.  

On s’est retrouvé tous à admirer  « Les renards qui fument la pipe »  ou « Les sorcières qui font leurs lessives »   Ces brumes en paquets qui s’élèvent de-ci de-là au cœur de notre grande forêt ardennaise et qui lui donne cet air mystérieux qui faisaient autrefois frémir certains et aujourd'hui en fascine d’autres.  

Le premier tracteur revenu, le chauffeur aux joues rougies du vent frais nous appelait :  

« Bon ! On rattaque ! »    Et on s’y est remit en faisant semblant que les bûches étaient légères, en en tournoyant certaines, en esquissant des pas de danse,  en jouant comme des enfants !   Et déjà le deuxième tracteur arrivait…oups !  

Nous avons activé le mouvement avec moins de grâce pour finir cette troisième charge, il faut l'avouer !   Les charretées se suivaient avec ces fameuses pauses tant appréciées par les ampoules naissantes de certains.  

Nous n'étions à pas bien loin du sol quand quelqu’un a émit un OOOHHH !  

Un nid de mésanges venait d’être découvert et cinq becs béants nous invitaient à les remplir !  Quelques palabres plus loin, nous sommes tous tombés d’accord pour que ce nid ne pouvait être abandonné là…que la maman mésange ne reviendrait pas nourrir des petits bousculés par les hommes.  

Tous occupés par leurs activités professionnelles, ce serait moi qui suis souvent libre en journée, qui allait adopter les oisillons et pour mes soirées de contes, si nécessaire, l’un ou l’autre prendrait le relais.  

Un pull a servi de nid pour le nid et nous nous sommes hâtés de charger le reste des bois.

Dès notre retour, je me suis rendue chez l’apiculteur voisin.  

C’est un jeune homme qui a débuté depuis peu, mais qui a déjà trois belles ruches. 

Comme il n’avait pas de jardin assez vaste, je lui avais procuré un emplacement dans le fond du verger.  

Les ruches apportaient une aide précieuse pour la pollinisation des arbres fruitiers.    

C’était donc du donnant-donnant avec quelques pots de miel frais en prime !  

Il m’a gentiment fourni des faux-bourdons et des larves pour nourrir les oisillons. Nos oisillons insectivores et omnivores en dévoraient allègrement.  

Les faux–bourdons sont les mâles de la ruche, il en faut pour féconder la reine lors de son vol nuptial, mais il y en a en quantité largement suffisante pour que les bébés mésanges en soient nourris.   À chaque béquée avalée, le petit goinfre se tournait  et popotin en l’air il expulsait une crotte blanchâtre enrobée d’une poche fluide qui me permettait de la happer dans un mouchoir en papier.  

Toute une technique apprise sur le tas !  

Au bout d’une semaine, deux petiots flanchaient et il ne restait que trois vigoureux au nid !   Assez tristement j’ai constaté, un matin, la défection de deux autres !

Des appels impérieux du genre : Th,Th,Th du rescapé des hécatombes me disaient que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir !  

Goutte d’eau par-ci, faux-bourdon par-là, chenilles, mouches et moustiques, petits vers, miettes de pain bien sec et beaucoup de présence, la mésange survivante paraissait en pleine forme !    Toutes ses plumes s’étaient épanouies et quand elle manifestait sa faim avec ses Th,Th,Th, elle agitait ses ailes d’impatience.  

Parfois elle tentait un vol sans effet et se cassait la binette.  

Bravement, à force d’essais, elle arrivait à deux ou trois battements efficaces.  

Le large appui de fenêtre était son domaine et je voyais bien que bientôt, il faudrait plus d’espace…   Je l’ai placée de plus en plus souvent sur mon épaule en n’imitant ses Th,Th,Th.   Elle battait des ailes lors de mes déplacements dans la maison comme pour me faire avancer !    Et un jour de doux soleil, n’y tenant plus, j’ai emmené la mésange dans le jardin.   Elle s’est envolée de mon épaule et pour son premier vol, elle a réalisé un trois mètres en oblique vers le sol !   Je l’ai reprise et depuis ma main elle a recommencé. Elle n’a pas fait mieux !    Tous les jours, nous avons matin et après-midi continué les entraînements et rapidement ses vols se sont allongés et sont devenus plus précis.

Chaque fois que je l’appelais, elle revenait sur mon épaule.  

Parfois elle me donnait des frissons tant elle partait loin…mais elle revenait tout de même.

Th,Th,Th,  et un faux-bourdon comme récompense : c’est efficace !  

Ma crainte était qu’elle ne parte non préparée à la vie sauvage…     

Il me fallait la lâcher, mais pas trop franchement, car les risques étaient trop grands.

Dans la cuisine, elle tournoyait allant de mon épaule à son nid et parfois même elle venait scruter les épluchures tandis que je cuisinais.  

Les amis de la « Journée au bois » venaient régulièrement apprécier l'évolution notre petite protégée qui était un sujet de curiosité pour eux, mais aussi pour mes voisins.  

Un jour, un promeneur qui flânait dans le village a été surpris qu’une mésange se perche sur son épaule.   C’est un voisin qui jardinait, qui l'a informé d’où elle venait et quand je ai vu ce touriste avec son visage interloqué louchant vers l’oiseau en inhabituelle position je n’ai eu qu’à claquer de la langue un Th,Th,Th, et elle est revenue sur mon épaule.  

Le promeneur après quelques explications est reparti…il avait quelque chose à raconter à son retour en ville !    La mésange prenait de plus en plus la poudre d’escampette, et ce, de plus en plus longuement !   Mes inquiétudes s’allongeaient aussi !  

Un jour, ne la voyant plus revenir alors que le jour allait bientôt finir je suis partie à sa recherche  avec mes Th,Th,Th,Th,Th,Th, …  

Je n’étais pas loin de chez moi dans un chemin un peu humide qui longe une propriété arborée.   Un immense hêtre débordait par-dessus haie et chemin.

Je lançais des Th,Th,Th,Th,Th,Th, sans effet tout en regardant où je mettais les pieds pour ne pas glisser !   

C'est le Fé du hêtre qui est venu sur mon épaule, j’avais cru une fraction de seconde que c’était ma mésange…   « Elle est chez moi…elle était trop fatiguée…ne t’inquiète pas on veille ! »

« C’est qui on ? »   « Nous tous, les arbres du tas de bois : les hêtres, les chênes, les charmes, les bouleaux, les érables. »  

De son minuscule doigt, il m’a indiqué une branchette qui s’écartait, tirée par des Fées et des Fés.   J’ai ainsi vu ma mésange tête sous l’aile.   Je suis rentrée soulagée.

Par la suite, la mésange venait régulièrement me dire bonjour avec ses Th, Th, Th, et je lui offrais une récompense.   Tous les jours, un Fé ou l’autre me donnait des nouvelles de ma protégée  

Un jour, le Fé du Hêtre m’a dit que la mésange partait de plus en plus loin et que donc je ne devais pas m’étonner si elle passait un jour ou deux de visite.  

C’était un peu triste, car c’était un vrai soleil que ces visites ailées.  

Je m’y suis faite…mais un rien m’attirait l’œil vers le ciel…

Un matin, ma miss est revenue en compagnie.          

Ses trois copines mésanges sont restées sur le poirier tandis que ma mésange semblait me dire mille choses…  

Elle avait perdu son Th, Th, Th, de l’enfance et maintenant elle zinzinulait comme une grande.   Le Fé du Hêtre est venu à mon secours et m’a traduit le merci de la mésange.  

Elle est partie avec ses amies en volée joyeuse…je pensais bien ne plus la revoir…  

Le Fé du hêtre m’a expliqué que je ne devais pas m’inquiéter qu’elle était naturellement partie retrouver la vie sauvage, là où est sa place et qu’ils veilleraient encore.  

Après un grand soupir et un frissonnement, je suis rentrée chez moi. J’ai téléphoné aux amis de « la journée au bois » pour leur annoncer la nouvelle…  

Ils ont dû sentir mon ton cassé et ils sont tous venus.   

La soirée s’est passée à heurter les calices d’Orval en picorant du fromage tout en en perdant nos regards dans les flammes du feu ouvert.  

Il y a eu beaucoup de silences, car les langues de feu dansaient autour d’une grosse bûche de hêtre ses plus beaux flamencos !  

A chaque fois que je vois des mésanges…je pense à elle.  

Je me suis renseignée, une mésange charbonnière peut vivre quinze ans !  

On ne sait jamais …un jour…elle reviendra se reposer sur mon épaule…  

 

 

 

Fagus sylvatica     

Fruits : faînes maintenues dans une cupule   

On répertorie certains hêtres de plus de mille ans dans la Marne.  

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