Un hiver, Papa a rédigé des dizaines de pages dans lesquelles il a raconté sa vie. C’est aujourd’hui, alors qu’il aurait bientôt quatre-vingt-cinq ans que je me plonge dans ses écrits. Je l’entends en même temps, car tout cela, il me l’avait raconté. C’est pour ne rien perdre, « Mémoire rime avec passoire », que je lui avais demandé ce travail de rédaction, qui j’en avais l’intuition, serait long !

Il s’y est adonné de tout son cœur, veillant à ne rien oublier jusqu’au plus petit détail. Cent fois il a lu et annoté, cent fois il a repris ses feuilles…cent fois nous avons inventorié de ce qu’il faudrait absolument évoquer…

 

Un jour, me montrant les paquets de feuilles remplies de son écriture inclinée,

Papa m’a demandé : — « Et qu’est-ce que tu vas faire de tout ça ? »

Je lui ai répondu : —« Un livre ! »

Après une longue réflexion, il m’a rétorqué : — « Ça pourrait être intéressant ! »